Après la pluie, toujours du beau temps !
Pour qui vit ou a vécu en terre d’Eburnie, il n’y a rien de plus familier que ces changements météorologiques aussi soudains que spectaculaires: une matinée noyée sous le déluge, un ciel uniformément gris, puis, sans prévenir, une après-midi éclatante, brûlante, comme si la pluie n’avait jamais existé. Ainsi va la vie sous nos tropiques, imprévisible, contrastée, généreuse.
L’expression évoquée dans le titre de cette chronique n’a pourtant rien d’ivoirien. Elle est universelle. Elle dit la force intérieure que chacun doit cultiver pour croire encore au soleil quand tout semble noyé dans la tourmente.
Elle s’applique évidemment à notre club, dont la plupart des jours brillent d’un éclat constant, mais qui, comme toute grande institution vivante, traverse parfois des zones d’ombre. Rien d’alarmant. Quelques cumulo-nimbus ont traversé le ciel Mimosas il y a quelques semaines. Des remous, des interrogations, des débats animés — la vie normale d’une maison bien vivante. Mais loin de perturber la marche en avant du club, ces nuages passagers ont plutôt renforcé les liens, réveillant ce réflexe collectif qui consiste à resserrer les rangs lorsque souffle un vent contraire.
Ce qui demeure spécifique à un club populaire et mondialement respecté comme le nôtre, c’est l’importance capitale des résultats sportifs dans le moral des troupes — et, surtout, dans le cœur des Actionnaires. Les dirigeants peuvent évoquer la construction, l’avenir, Gboro Gbata, le nouveau Sol Béni ; tout cela est essentiel, mais sans victoires tangibles, la musique porte moins, les mots peinent à trouver leur écho. L’histoire du club l’a montré. La décennie 1990, ponctuée de performances exceptionnelles, a ouvert la voie à une consolidation constante et apaisée, parce que les résultats permettaient d’envisager sereinement les transformations structurelles.
Cette logique n’est pas universelle. Nombre d’entreprises vivent uniquement de chiffres, de bilans, de rentabilité. Le football professionnel, lui, ne tolère pas cette froideur comptable. Le sport le plus populaire au monde n’offre pas la possibilité de se réfugier derrière la seule profitabilité et c’est ce qui rend la gestion d’un club de football aussi complexe.
Le soleil, pourtant, finit toujours par revenir. Dans les tribunes comme dans les vestiaires, dans les travées de Sol Béni comme dans le cœur des Actionnaires, chacun sait qu’après chaque pluie — même les plus drues — se prépare un ciel plus clair. Et c’est précisément cette foi dans le cycle des saisons, cette confiance dans le travail accompli et dans l’identité mimosas, qui a toujours permis à notre club de se relever, de rebondir et de revenir toujours plus fort.
Benoît YOU