
« L ‘ange gardien »
En plus de son immense talent, Théo DOSSOU, le portier des Mimosas de 1956 à 1972, a marqué les esprits par son étonnante longévité.
Théo DOSSOU, gardien de but international de l’ASEC Mimosas de 1956 à 1972, est né le 03 juin 1939, à Dimbokro (Centre de la Côte d’Ivoire). Il est le quatrième gardien de but de l’ASEC Mimosas. Il est arrivé après celui de la toute première équipe des Mimosas, puis après BAKON Augustin et BOEVI Lawson Théo dit Gros Théo. DOSSOU est un pur produit du club. Il a connu une ascension très rapide. «C’est Feu KOFFI Raglan qui m’avait recruté, en 1953, dans l’équipe junior de l’ASEC appelée Sol Béni. Je suis passé en équipe réserve l’année suivante, puis en 1955-56, j’ai été promu en équipe première. J’avais 16 ans», raconte Théo DOSSOU. Mais il y avait déjà BOEVI Lawson Théophile dit «Gros Théo» qui avait succédé à BAKON Augustin. DOSSOU vit une première expérience de quatre ans en équipe première (1955-1959) de l’ASEC durant laquelle il dispute deux finales de la Coupe de l’AOF, en 1956 et en 1958. La première fois, il était remplaçant. Il n’avait que 17 ans. «J’étais encore trop jeune pour cette finale. Nos adversaires de l’US Gorée étaient plus mûrs et plus costauds que nous. Nous avons perdu 7-0. Ma présence dans les buts n’aurait rien changé», reconnaît-t-il. La seconde fois, Théo DOSSOU était titulaire contre l’Africa Sports. Avant le voyage de Dakar pour cette finale de la Coupe de l’AOF de 1958, l’ASEC Mimosas avait battu l’Africa (2-1) lors de la dernière journée du championnat ivoirien. «Mais contre toute attente, nous avons perdu 5-0. Ces deux finales perdues restent les plus mauvais souvenirs de ma carrière».
En 1959, «Petit Théo», comme on l’appelait à l’ASEC Mimosas pour le distinguer de «Gros Théo», remporte la Coupe de Côte d’Ivoire, puis s’envole pour la France, grâce à Jean TOKPA. Il a 20 ans et est donc prêt pour l’aventure professionnelle. Cet excellent gardien de but aux réflexes étonnants, à l’agilité féline, aux prises de balles sûres et souverain dans sa zone, atterrit au Racing Club Paris, un club de D1. Il y fait une très bonne impression. Puis, après quelques saisons, il évoluera tour à tour à Sète, à Chalon-sur-Saône, à Dijon et à Blanzy-Montceau devenu après Montceau-les-Mines.
En 1964, Théo DOSSOU rentre en Côte d’Ivoire à la demande du Ministre M’BAHIA Blé Kouadio. Il dispute les phases finales de la CAN de 1965, à Brazzaville, puis de 1967, à Tunis. Il jouera jusqu’en 1972, année où il mettra un terme à sa carrière de footballeur. Il a 33 ans. Ce gardien de but aux 60 sélections peut se consacrer à son activité de Chef de ventes chez Renault et à sa famille. Aujourd’hui à la retraite, Théo DOSSOU vit paisiblement avec son épouse Marthe NIANKOURY, une ancienne Miss Côte d’Ivoire, dans leur résidence, à Angré 8e Tranches.
K. Ismaël

Le Lion
Capitaine emblématique et buteur hors-pair de l’ASEC Mimosas de 1964 à 1973, puis entraîneur du même club, en 1993, Eustache MANGLE dit le Lion, fait partie des figures de légende du club jaune et noir.
Eustache MANGLE n’aurait servi qu’un seul club, l’ASEC Mimosas, si le sort n’avait pas décidé autrement. Adolescent, au Collège d’Orientation du Plateau, il était un passionné de football. Déjà, au collège, avec ses cuisses et ses mollets aux diamètres impressionnants, ses camarades l’avaient surnommé Guy MOLLET, du nom d’un ancien ministre français. Au lieu de l’irriter, cela amusait MANGLE. Sa passion pour le football est telle que sa mère décide de l’envoyer à Bouaké afin que là-bas, Eustache MANGLE se consacre à ses études. Mais une fois à Bouaké, le destin de MANGLE le rattrape. Il tape dans l’œil des dirigeants de la Renaissance Club qui convainquent son tuteur et cousin, Etienne AHIN, afin qu’Eustache signe chez eux. Lors d’un quart de finale mémorable de la Coupe nationale, en 1962, la Renaissance élimine la grande formation du Stade d’Abidjan des BAKRO, SYLVA, ZADI, BLEZIRI, Zempégué COULIBALY, KOUAME Yao et autres. MANGLE impressionne et marque les trois buts de son équipe qui l’emporte (3-1). Pour ne pas attirer l’attention de sa mère, il se faisait appeler KOUAME. Mais après les demi-finales contre l’Africa Sports, la même année, le voile tombe. Tout le monde apprend que KOUAME s’appelle en réalité Eustache MANGLE. « C’est à partir de là que ma mère a fini par accepter mon choix et ma passion pour le football », indique-t-il. En cours de saison, les dirigeants du Stade d’Abidjan le font signer chez eux et l’inscrivent au Collège Moderne de Cocody. Mais le cœur de MANGLE n’est pas au Stade. Il retourne à Bouaké et signe à l’Unisport qui était la fusion de la Renaissance Club et de l’Association Sportive des Clubs de Bouaké. Il y joue une saison. En 1964, Eustache MANGLE signe sans condition dans le club de son cœur : l’ASEC Mimosas. La même année, il connaît sa première sélection avec les Eléphants de Côte d’Ivoire. C’est le début d’une belle et riche carrière à l’ASEC Mimosas qui le verra remporter cinq (5) Coupes nationales (1967, 1968, 1969, 1970, 1972) ; deux (2) championnats nationaux (1970 et 1972) ; disputer une demi-finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions, en 1971 et trois (3) phases finales de la CAN, en 1965, 1968 et 1970.
Attaquant puissant, adroit des pieds et de la tête, Eustache MANGLE se distinguait surtout par ses tirs puissants. On le surnomma “le Lion”, en raison de sa force, et de son abnégation sur le terrain. Il hérita de ce surnom après une victoire mémorable de l’ASEC face à l’Africa qui priva, ce jour-là, les Vert et Rouge du titre de champion de Côte d’Ivoire, au profit du Stade d’Abidjan. De sa force de frappe, l’histoire retient l’un des buts d’anthologie qu’il marqua contre le Stella Club, d’un tir puissant et tendu depuis le rond point central et dans les prolongations, en 1967, en finale de la Coupe nationale. « Mais le plus beau souvenir de ma carrière de footballeur reste la victoire des Eléphants lors des phases finales de la CAN de 1965, en Tunisie, face au Congo Léopoldville (actuelle RDC). Ce jour-là, j’avais marqué les trois buts de la Côte d’Ivoire », explique Eustache MANGLE.
Après avoir raccroché les crampons, Eustache MANGLE devint entraîneur de football. Il s’occupe d’abord et à plusieurs reprises du centre de formation de l’ASEC Mimosas. Puis, de 1990 à 1992, il devient l’entraîneur adjoint du club, puis l’entraîneur principal, en 1993. Cette année-là, n’eût été le complot de Kumasi, au Ghana, où l’on vola la qualification à l’ASEC Mimosas, les Mimosas, sous la férule d’Eustache MANGLE, auraient disputé leur première finale d’une Coupe d’Afrique des clubs champions. Après cette élimination, Eustache MANGLE se retire du milieu du football et se consacre à sa famille avant d’être frappé de plein fouet par une arthrose de la colonne vertébrale dont il traîne encore les séquelles.
K. Ismaël

Le Pelé Ivoirien
Buteur de génie, KONAN Yoboué, formé à l’ASEC Mimosas a ensuite mené une carrière de footballeur professionnelle, en France, à l’EDS de Montluçon, pour revenir terminer sa carrière dans son club d’origine.
Quand il était joueur, on l’appelait « Pelé ». Devenu entraîneur, il hérita d’un surnom de caresse : « Yoyo », qui est le diminutif de Yoboué. Ceux qui l’ont connu en tant que joueur le présentaient comme un buteur hors-pair. « Je n’ai jamais vu un attaquant aussi fin et adroit que KONAN Yoboué. Une seule fois, je l’ai vu manquer une occasion de but. C’était au cours d’un match international amical, en nocturne, que l’ASEC Mimosas avait disputé en 1961, au stade FHB, contre le Real Republican du Ghana. Yoboué ne frappait jamais fort devant le but. Mais ses balles étaient imparables ». Le témoignage est de feu THIAM Belafonte, l’un des pionniers de la presse sportive ivoirienne et le premier Rédacteur en Chef du Mimosas Magazine.
Reconnu pour son sens du but, sa finesse, mais surtout pour sa technicité, KONAN Yoboué s’est inscrit dans la lignée des grands attaquants que l’ASEC Mimosas et le football ivoirien ont connus après les Ignace WOGNIN, Benjamin AKOUATE et Sékou TOURE. L’un de ses hauts faits d’arme reste cette finale mémorable de la Coupe nationale remportée par l’ASEC Mimosas face l’Africa Sports d’Abidjan, l’éternel rival, en 1962. A la veille de la finale, le père de KONAN Yoboué décède. Bien que bouleversé, il décide quand même de jouer, au grand étonnement du Ministre M’BAHIA BLE Kouadio, alors Président de l’ASEC Mimosas. L’ASEC l’emporte (4-2) et KONAN Yoboué réussit un doublé.
L’année suivante, Yoboué émigre en France et pose ses valises à l’Etoile Des Sports de Montluçon, une équipe de CFA dont les couleurs jaune et noir sont identiques à celles de l’ASEC Mimosas. Il y reste jusqu’en 1973, puis décide de rentrer en Côte d’Ivoire. Il tombe pile sur une autre finale de la Coupe nationale opposant l’ASEC Mimosas au Stella Club d’Adjamé. L’ASEC l’emporte (2-1) et KONAN Yoboué est l’auteur du but victorieux. A la fin de la saison, il met un terme à sa carrière et se reconvertit au métier d’entraîneur dans l’encadrement technique de l’ASEC Mimosas. En 1976, en tant qu’entraîneur principal, il conduit son équipe en demi-finales de la Coupe d’Afrique des clubs champions. En 1980, succédant à Guy FABRE, le mythique entraîneur des Mimos, décédé en cours de saison, Yoboué permet à son club de toujours de remporter le championnat national de première division, cinq ans après le titre de 1975. Il entraînera tour à tour l’AS Denguélé d’Odienné et l’AS EECI dans les années 1980, puis reviendra dans l’encadrement technique de l’ASEC Mimosas, en 1991. Il est, tour à tour, adjoint de Philippe TROUSSIER, d’Eustache MANGLE, de Charles ROESSLI, puis de Mamadou ZARE. Me Roger OUEGNIN le nomme enfin entraîneur principal de l’ASEC Mimosas, en 1996. KONAN Yoboué se rend ensuite au Niger pour entraîner la Jeunesse Sportive du Ténéré (JST), en 1997. De retour, il traîna une longue maladie et mourut le 04 août 2005.

« L’homme d’Asmara »
Né le 10 août 1947, à Abidjan, Laurent POKOU est un ancien footballeur international ivoirien. Il fut l’un des grands attaquants de l’ASEC Mimosas, du Stade rennais, de lAS Nancy Lorraine et des Eléphants de Côte d’Ivoire.
POKOU Laurent fut l’un des grands footballeurs que l’Afrique ait connus. Il a marqué les esprits par son intelligence de jeu , son sens du placement et du but, sa technicité, sa puissance et sa rapidité. Laurent POKOU était un condensé de talents. C’est grâce à ces qualités qu’il a été sacré, à deux reprises, meilleur buteur de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) avec 6 buts, en Ethiopie. Ce qui lui valu le surnom de “L’homme d’Asmara” (Asmara est une ancienne ville d’Ethiopie devenue la capitale de l’Érythrée). Lors de l’édition suivante, il inscrit 8 buts, en 1970, au Soudan, dont 5 en un seul match contre l’Éthiopie, battue 6 à 1. Avec ses 14 buts, il a été pendant 38 ans le meilleur buteur de cette compétition, record établi sur 2 coupes d’Afrique de Nations, pendant 4 ans, au moment où les phases finales de la CAN se jouaient avec 8 équipes.
Durant sa carrière, Laurent POKOU a collectionné les surnoms au fur et à mesure qu’il cumulait les exploits. Entre autres surnoms, on retiendra d’abord «L’homme d’Asmara ». puis «L’Empereur Baoulé», pour ses matches phénoménaux à l’ASEC Mimosas dont une mémorable demi-finale de Coupe nationale contre le Sade d’Abidjan battu 5-3, au cours duquel il marqua quatre buts à lui seul dont deux en un minute et un quart de finale retour de CI éblouissant contre le Hafia FC de Guinée, malheureusement perdu par les Mimos et lors duquel il inscrivit 3 buts après 14 minutes de jeu. Enfin, il hérita du surnom «Le Duc de Bretagne» pour ses exploits au Stade rennais lorsqu’il s’exila en France pour une carrière professionnelle. Laurent POKOU fut aussi le pilier des quatre «Mousquetaires Africains» de Rennes avec le Camerounais Léa Eyoum Charles, le Malien Fantamady KEITA et le Marocain Anafal. Après Rennes, POKOU fit également les beaux jours de l’AS Nancy Lorraine, lors de la saison 1977-1978, aux côté du mythique Michel PLATINI, alors au printemps de sa carrière.
Miné par des blessures à répétition, il écouta sa carrière professionnelle pour rentrer en Côte d’Ivoire où il rejoua,une saison pour l’ASEC Mimosas, le club de son cœur. Il devient ensuite entraîneur de football et s’occupa successivement de l’Union Sportive de Yammossoukro (USY), du Rio Sport d’Anyama, puis de l’ASEC Mimosas dans les années 1980.
Laurent POKOU est aujourd’hui membre de la Fédération Ivoirienne de Football,dirigé par Jacques ANOUM. Il est également l’un des dignes ambassadeurs du sport et du football du continent dans le monde.
Dominique Collona, l’ancien gardien de but de l’équipe de France, dans les années 1960 et ancien entraîneur du Cameroun, pense qu’il était plus doué que Roger MILLA. Cet autre compliment, et non des moindres, venant de Michel Vautrot, l’un des meilleurs arbitres français de son équipe en dit long : « Les joueurs qui m’ont le plus impressionné ? Je ne vais pas faire dans l’originalité et citer Platini, Beckenbauer, Pelé, Giresse bien sûr ; mais je n’ai jamais rien vu de tel que Laurent POKOU lors d’un Rennes – Saint-Étienne, le 16 mars 1974» (Michel Vautrot, le 2 août 1988).
Preuve que Laurent POKOU mérite vraiment d’être considéré comme le grand footballeur ivoirien de tous les temps.
Retrouvez plus d’informations sur le joueur en cliquant sur ce lien: http://www.laurent-pokou.com
LE PALMARES DE LAURENT POKOU
En tant que joueur
Champion de Côte d’Ivoire (3) : 1970,1972 et 1973 avec l’ASEC Mimosas.
Coupe de Côte d’Ivoire (6) : 1967, 1968, 1969, 1970, 1972 et 1973 avec l’ASEC Mimosas.
Coupe de France (1) : 1978 avec l’AS Nancy-Lorraine.
Meilleur buteur de la Coupe d’Afrique des Nations (2) : 1968 et 1970.
En tant qu’entraîneur
Coupe de Côte d’Ivoire (1) : 1980 avec l’ASEC Mimosas

« L’inégalable »
Les Ivoiriens de trente ou quarante ans ne le connaissent pas parce qu’ils ne l’ont pas vu jouer. Et pourtant, Jean KEITA, le portier international ivoirien de l’ASEC Mimosas des années 1960 et du début des années 1970 fut un très grand gardien de but. Sans doute le meilleur que l’ASEC ait connu.#
Jean KEITA est né en 1943. A Bouaké où il fait son enfance, à 16 ans, il devient le gardien de but de l’Espoir de Bouaké, l’un des deux grands clubs de la capitale du centre-nord de la Côte d’Ivoire située à 370 km environ, au nord d’Abidjan. L’autre grand club a pour nom, l’Etoile Filante. Dès ses débuts, Jean KEITA fait parler de lui. Du haut de ses 1,82m pour 78kg, il impressionne par son physique, mais aussi par son talent. Il allie à merveille classe et élégance. « J’ai évolué à l’Espoir pendant deux saisons, de 1959 à 1961, durant lesquelles j’étais le meilleur joueur de mon équipe et de la Ligue de Bouaké ». Les échos de ses exploits se répandent jusqu’à Abidjan. Et dans les compétitions nationales, KEITA impressionne les dirigeants des clubs d’Abidjan. Mais c’est finalement l’ASEC qui l’attire. « C’est vers la fin de l’année 1961 que KAMANO Kata François est allé me chercher pour signer à l’ASEC Mimosas. J’avais 18 ans », se souvient-il. Supporter de l’ASEC Mimosas, Jean KEITA, était fier de porter le maillot de l’ASEC Mimosas. Un maillot qu’il défendra pendant 11 ans, de 1961 à 1972, durant lesquels il remportera six Coupes nationales (1962,1967,1968,1969, 1970 et 1972) et trois titres de champion de Côte d’Ivoire (1963, 1970 et 1972).
Un grand gardien
Tous ceux qui ont connu Jean KEITA affirment qu’avant lui, on n’avait pas connu un gardien de but de sa trempe et que depuis sa retraite, aucun gardien de but ivoirien ne l’a égalé. Il est inégalable. Jean KEITA fut même le modèle de Robert MENSAH, le gardien de but mythique de l’Asante Kotoko et du Ghana. «Après un match contre le Ghana, Robert MENSAH était venu me voir dans les vestiaires pour m’exprimer toute son admiration. Il m’a dit que j’étais son modèle et qu’il voulait me ressembler. Il m’avait demandé ma casquette, mon maillot, mes gants. Je les lui avait donnés», raconte Jean KEITA. Et Robert MENSAH qui avait quasiment le même physique que KEITA, s’habillait comme le portier international des Mimosas. Jean KEITA n’avait de modèle que lui-même. Il voulait être le meilleur. Il travaillait beaucoup pour réaliser son rêve. Il jouait au basketball et au volley-ball pour améliorer sa détente. « Je m’entraînais beaucoup pour développer mes reflexes. Non seulement KEITA est devenu le meilleur gardien de but ivoirien de son temps, mais il est aussi celui qui, par une bonne hygiène de vie, à fait preuve d’une longévité rarement égalée. Et en tout, Jean KEITA est inégalable en tant que gardien de but.
K. Ismaël

« Le Diamant Noir »
Considéré comme l’un des meilleurs joueurs ivoiriens de tous les temps, Youssouf Falikou FOFANA a d’abord brillé à l’ASEC Mimosas, en Côte d’Ivoire, puis en France, à l’AS Cannes, à l’AS Monaco et aux Girondins de Bordeaux.#
Né le 26 juillet 1966, à Divo, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, Youssouf Falikou FOFANA est un ancien footballeur international ivoirien qui évoluait au poste d’ailier gauche. Ce pur produit de l’ASEC Mimosas a fait ses classes chez les Mimos jusqu’en équipe première. Aux âmes biens nées, la valeur n’attend point le nombre des années, dit l’adage. Cette maxime confirme bien le parcours de ce surdoué du ballon rond.
Surnommé à juste titre Le diamant noir, par le chroniqueur sportif feu Boubacar Kanté, Youssouf FOFANA, en qui son entraîneur d’alors, Konan YOBOUE, décèle un immense talent, est vite promu en équipe première de l’ASEC Mimosas, en 1980, à l’âge de 14 ans. Ce garçon à peine sorti de l’adolescence devient très vite l’idole des Actionnaires et du public ivoirien. Malheureusement, durant les cinq saisons qu’il passe à l’ASEC Mimosas, le club se trouve dans la tempête. Instabilité des comités directeurs et manque d’organisation et de moyen empêchent les Mimosas de briller.
Youssouf et l’ASEC ne doivent se contenter que d’un titre de champion de champion de Côte d’Ivoire (1980), d’une Coupe nationale et d’une Coupe FHB, en 1983. Après la CAN 1984 organisée par la Côte d’Ivoire et l’élimination des Ivoiriens au premier tour, Youssouf FOFANA est transféré à l’AS Cannes, en France, pour la saison 1984-85. Pour l’exercice suivant, l’AS Monaco le recrute et FOFANA y reste de 1986 à 1993. Avec le club de la Principauté, «Le Diamant noir », «L’Enfant de Mankono, remporte la Ligue 1 française, en 1988, la Coupe de France, en 1991 et parvient jusqu’à la finale de la Coupe des Coupes en 1992, finale perdue face au Werder de Brême. A partir de 1993, FOFANA opte pour les Girondins de Bordeaux et y joue jusqu’en 1995. Il quitte Bordeaux et la France en 1995 pour Al Nasr de Ryad (Arabie Saoudite) en 1995 et vient terminer sa carrière à l’ASEC Mimosas, en 1996. Mais au passage, avec les Eléphants de Côte d’Ivoire, Youssouf FOFANA remporte la CAN 1992, au Sénégal.
Ce gaucher nominal, joueur de génie, technique, dribbleur extraordinaire, intelligent a marqué le monde du football grâce à son immense talent. Au point d’être considéré comme l’un des meilleurs footballeurs ivoiriens de tous les temps et une légende vivante de l’ASEC Mimosas.

« Le Bombardier »
Lucien KASSY Kouadio fut un footballeur de génie. Un attaquant adroit, un joueur intelligent doté d’un pied gauche magique qui crachait le feu. Il a fait les beaux jours de l’ASEC Mimosas et des différentes équipes des Eléphants de Côte d’Ivoire.
Lucien KASSY Kouadio s’était vu attribuer plusieurs surnoms au regard de son immense talent. « Jésus », en tant que joueur aux buts salvateurs ; «Diego», car ses admirateurs osaient la comparaison entre lui et le prodige argentin, Diego Armando Maradona, «Le Bombardier», en raison de sa frappe du pied gauche aussi puissante que précise. Lucien KASSY Kouadio fut un joueur emblématique de l’ASEC Mimosas de 1980 à 1993. Il remporta la CAN 92 avec les GADJI Céli, AKA Kouamé, Abdoulaye TRAORE, Youssouf FOFANA, SIE Donald Olivier, SAM Abouo Dominique, OBOU Arsène, Losséni KONATE et autres. Avec l’ASEC Mimosas, il ne remporta qu’une seule compétition sous-régionale : la Coupe UFOA, en 1990, à Bamako, face au Djoliba AC.
Lucien KASSY Kouadio fait ses classes dans les équipes de jeunes du Stade d’Abidjan. En 1980, à la faveur d’un match de la Coupe UFOA contre une formation de la Mauritanie, Lucien KASSY Kouadioexplose littéralement. Le Stade d’Abidjan atomise son adversaire 6-0 et KASSY Kouadio trouvera quatre fois le chemin des filets. Il tape dans l’œil de tous les dirigeants et surtout de Francis OUEGNIN, le président de la section football de l’ASEC Mimosas. A la fin de la saison, grâce à Francis OUEGNIN, l’ASEC Mimosas recrute Lucien KASSY Kouadio. Très vite, Lucien KASSY Kouadio s’affirme dans sa nouvelle équipe et devient l’idole des supporters Mimosas. Il est le buteur qui assure la relève de Bawa Paul sous les entraîneurs HAssan, Laurent POKOU, Oscar Fullone, GABO Gérard, TRAORE Idrissa dit Saboteur, Philippe GAROT, Philippe TROUSSIER et Eustache MANGLE. Autant d’entraîneurs pour qui KASSY était un joueur indispensable.
Buteur de génie, joueur très technique doté d’une rare intelligence de jeu, il possédait également une frappe terrible du pied gauche qui lui a permis de battre tous les grands gardiens de but africains et dans les compétitions intercontinentales en junior. Malgré son immense talent, Lucien KASSY Kouadio n’a pas connu une brillante carrière lorsqu’il est allé tenter sa chance dans le football professionnel européen, en France, à l’AS Cannes, puis à Montceau-les-Mines. Mais courageux, il revient relancer sa carrière à l’ASEC Mimosas, en 1987. De 1990 à 1993, avec son club, il remporta, quatre titres de champions de Côte d’Ivoire, une Coupe nationale, une Coupe FHB, une Coupe de l’UFOA. Avec les Eléphants de Côte d’Ivoire, il devint champion d’Afrique à la CAN de 1992, au Sénégal.
Pour les distinctions individuelles, il obtient deux fois le titre de meilleur buteur du championnat, en 1982, avec 15 buts et en 1988, avec 13 unités. En 1991, il décroche la distinction de troisième meilleur buteur du championnat national de première division avec 17 buts, mais également celle de meilleur passeur et pour couronner le tout, celle de meilleur joueur de la saison.
A l’issue de la saison 1993, il quitte l’ASEC Mimosas pour le club rival de l’Africa Sports. Un sacrilège que la famille mimosas lui pardonnera bien des années plus tard puisqu’en 2008, le PCA de l’ASEC Mimosas, Me Roger OUEGNIN, le rappelle pour faire partie de l’encadrement technique de l’ASEC afin qu’il apporte son expérience aux nouvelles générations de joueurs du club.
K. Ismaël

« Le Mouton d’Or »
Abdoulaye TRAORE dit Ben Badi, alias le “Mouton d’Or”, a marqué son époque. De 1985 à 1998, il s’est distingué comme l’un des plus grands attaquants que la Côte d’Ivoire et l’Afrique aient connu.
Abdoulaye TRAORE est apparu soudain, avec fracas, à coups de scandales, sur la scène du football ivoirien, en 1985. Car les scandales au milieu desquels il se retrouve sont à la mesure des convoitises qu’il suscite au regard de son immense talent. Ben Badi n’a que 17 ans. Mais déjà, il se signale comme un grand buteur au Stella Club. L’ASEC Mimosas le veut. Mais le Stella refuse. La fédération tranche finalement en faveur de l’ASEC Mimosas. Ben Badi joue quelques matchs. Puis sans l’accord de ses nouveaux dirigeants, il part en catimini pour la France, précisément au FC Metz. Si les dirigeants de l’ASEC calment le jeu, la Fédération Ivoirienne de Football, elle, lui en veut parce qu’il a profité d’un regroupement de l’équipe nationale A pour faire sa fugue. Elle lui inflige une suspension d’un an, mais elle se ravise et lui permet de disputer la CAN 1986, en Egypte.
En Europe, malgré son immense talent, Abdoulaye TRAORE a du mal à se fixer dans un club. En cinq ans, il fera cinq clubs différents sans parvenir à faire son trou. Après Metz où on lui préfère le Sénégalais Jules François BOCANDE, il pose ses valises au Sporting Braga (Portugal). Il n’y reste pas longtemps puisqu’il retourne en France, au FC Sète 34 qu’il quitte ensuite pour le Sporting Toulon Var, puis Avignon Football 84.
En 1989, Me Roger OUEGNIN prend les commandes de l’ASEC Mimosas et convainc Ben Badi et Gadji Céli de revenir jouer pour l’ASEC. Chez les Mimosas, Ben Badi, devenu plus mature, explose littéralement sous les entraîneurs Philippe TROUSSIER, Eustache MANGLE, Charles Albert ROESSLI et ZARE Mamadou. Il est deux fois meilleur buteur de la D1 ivoirienne, en 1992 avec 21 buts et en 1994 avec 31 réalisations. Si le joueur étonnait par ses gestes de génie, sa technicité, la qualité de son jeu de tête, de ses frappes puissantes et précises, il a prouvé à maintes reprises qu’il était capable de changer la physionomie d’un match. En 1992, lors d’un derby ASEC-Africa de la Superdivision, alors que l’ASEC est menée 2-0, l’ASEC arrache l’égalisation en seconde mi-temps grâce à deux buts de TRAORE Abdoulaye, le «Mouton d’Or». La même année, en quarts de finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions, l’ASEC Mimosas se fait surprendre (2-1), à domicile, lors de la manche aller, par l’Asante Kotoko de Kumasi (Ghana). Au match retour, les Jaune et Noir renversent la vapeur à Kumasi où, entré en jeu en seconde mi-temps, Ben Badi marque coup sur coup deux buts et permet à l’ASEC Mimosas de l’emporter (3-2). Avec les Eléphants de Côte d’Ivoire les buts d’anthologie et décisifs de Ben Badi ne se comptent pas.
C’est véritablement à l’ASEC Mimosas que le talent de TRAORE Abdoulaye dit Ben Badi ou le « Mouton d’Or », a été véritablement récompensé. Lors de son passage dans ce club qu’il aime énormément, Ben Badi a remporté six (6) titres de champion de Côte d’Ivoire (1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 1995), une Coupe nationale (1990), une Coupe FHB (1990), une Coupe UFOA la première compétition internationale remportée par l’ASEC Mimosas, en 1990, la CAN 1992 avec les Eléphants, au Sénégal. Au passage, avec l’ASEC Mimosas, Ben Badi a disputé deux demi-finale de C1 (1992 et 1993) ainsi qu’une finale de la même compétition, en 1995.
Aujourd’hui, Abdoulaye TRAORE dit Ben Badi fait partie de l’encadrement technique des équipes cadette et junior des Eléphants de Côte d’Ivoire. K. Ismaël

« Le Footballeur-chanteur »
GADJI Céli Saint-Joseph restera dans les annales du football ivoirien comme le premier capitaine de l’ASEC Mimosas et des Eléphants à soulever le trophée de la CAN. C’était à Sénégal 92.
Né le 1er mai 1961 à Abidjan, GADJI Céli Saint-Joseph commence à jouer au football dans la commune de Koumassi où il grandit. Il intègre les équipes de jeunes du Stella Club dont le style de jeu viril convient à son tempérament de joueur combatif, dur sur l’homme. Et c’est dans l’entre-jeu que le jeune GADJI s’affirme et s’impose très vite comme un meneur d’hommes. Naturellement, il devient le capitaine des juniors, puis très vite des seniors des Magnans d’Adjamé.# Avec le Stella Club, GADJI Céli remporte deux titres de championnat national (1981 et 1984), une Coupe de l’Union des Fédérations Ouest-Africaines (1981) et une Coupe FHB (1984). A partir de 1985, GADJI Céli devient le capitaine des Eléphants de Côte d’Ivoire et il le restera jusqu’en 1993.
Retour au bercail
En 1986, il quitte le Stella Club pour le FC Sète où il devient un titulaire indiscutable jusqu’en 1989. En Novembre 1989, il revient en Côte d’Ivoire à la demande de Me Roger OUEGNIN qui vient de prendre les rênes de l’ASEC Mimosas. Le nouveau PCA du club jaune et noir le convainc de signer dans son club et GADJI le fait pour relancer sa carrière. GADJI Céli devient le capitaine emblématique de l’ASEC Mimosas. Excellent meneur d’hommes, joueur talentueux, homme d’honneur et de caractère, GADJI se dévoue à sa nouvelle cause. Grâce à son esprit rassembleur, il devient la courroie de transmission entre l’entraîneur Philippe TROUSSIER et ses coéquipiers, entre ses coéquipiers et les dirigeants. Capitaine charismatique, GADJI Céli Saint-Joseph motive ses équipiers, aide à résoudre les problèmes entre joueurs et tire inévitablement le groupe vers le haut.
Avec l’ASEC Mimosas, il remporte quatre titres de champion de Côte d’Ivoire (1990, 1991, 1992 et 1993), une Coupe nationale (1990), une Coupe de l’UFOA (1990) et une Coupe FHB (1990).
Premier capitaine ivoirien vainqueur d’une CAN
L’histoire retiendra de GADJI Céli qu’il est le premier capitaine des Eléphants à brandir le trophée de la CAN. C’était à la CAN Sénégal 92. Les Ivoiriens s’imposaient en finale aux Ghanéens après la plus longue série de tirs au but de l’histoire de la compétition et s’adjugeaient enfin le trophée.
La même année, avec l’ASEC Mimosas, il échoue en demi-finale de C1 face au WAC de Casablanca. Une élimination amère qui n’entame pas le moral du Capitaine. L’année suivante, il repart avec l’ASEC à la conquête de la Coupe d’Afrique des clubs champions. Mais les Mimos connaissent encore une élimination douloureuse dans des conditions épouvantables à Kumasi, au Ghana, face à l’Asante Kotoko. A la fin de la saison, GADJI met un terme à sa carrière à cause d’une blessure récalcitrante à la cheville.
Reconversion réussie dans la musique
Après le football, GADJI Céli se reconvertit avec succès à la musique qu’il pratiquait depuis longtemps déjà, parallèlement au football. Il possède une discographie impressionnante : Allez les Eléphants 86; Allez les éléphants 88; Eléphants 90; Et Dieu créa l’ASEC (1990); Rassemblement (1992); Eléphants story (1993); Espoir (1994) ; Attention, Mimos arrive ! (1995); Affaires de femmes (1996); Femme de feu (2000); C’est ce qui est ça (2003); Accra 2008. Très sensible à la cause des artistes, GADJI Céli crée l’UNARTCI (Union Nationale des Artistes de Côte d’Ivoire) qu’il dirige pour défendre les intérêts de la corporation. Depuis 2009, il est le Président du Conseil d’Administration du BURIDA (Bureau Ivoirien des Droits d’Auteur). Gadji Céli, le footballeur-chanteur, reste assurément un grand leader dans l’âme.